En 1993, Rabab Abdulahdi fut invitée à intervenir lors de la rencontre annuelle de l'Association for Middle East Women’s Studies, à propos de l'histoire du Mouvement des femmes palestiennes qui faisait l'objet de son mémoire au Hunter College de New-York (qui reçut les plus hautes félicitations l'année suivante) et de leurs stratégies de résistance et de résilience au quotidien.
La recherche qui adressait la construction du genre en regard de la violence coloniale fut pourtant mal reçue et cet échec à une explicitation de la manière dont les femmes palestiniennes étaient des sujets politiques plutôt que des victimes reste significatif des immenses changements à opérer dans la perception et la représentation des femmes palestiniennes et plus largement des questions de genre et de sexualité en regard de la situation palestinienne dans la recherche.
Une figure de l'exceptionnalité qui concerne la représentation de la situation palestinienne toute entière se répète dans celle des femmes palestiniennes qui conditionne la visibilité d'un sujet femme palestinien conforme aux critères occidentaux, renvoyant la grande majorité des femmes palestiniennes à une figure de l'essentialisation, la naturalisation et la victimisation à l'intérieur de la société palestinienne et à l'extérieur en regard de la violence coloniale.
La périodicisation de l'histoire palestinienne elle-même absentéise les formes de résistance dans toutes leurs diversités, dont celle des femmes palestiniennes, stylisées de manière à servir le discours hégémonique de cette exceptionnalisation.